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Améliorer le rendement de réseau en améliorant les pratiques d'intégrité

Une nouvelle approche et des nouvelles compétences axées sur l'intégrité sont nécessaires


Par Barbara Schreiner, directrice exécutive (WIN)



346 millions de mètres cubes d'eau perdus chaque jour.

39 milliards de dollars perdus chaque année.


Les niveaux de rendement de réseau bas (ou d'eau non-comptabilisée -Non-Revenue Water- élevés) sont un défi mondial pour l'approvisionnement en eau potable, entraînant des pertes massives en eau et en argent. Ils compromettent considérablement les progrès vers l'accès universel à l'eau, tant dans les pays développés que dans les pays en développement. Une réduction des pertes d'eau entraînerait des économies financières et une amélioration de la fiabilité des services. De plus, elle atténuerait la pression sur les ressources en eau dans les villes à croissance rapide, contribuant ainsi à la résilience climatique.


Un certain nombre de gestionnaires de services publics font des progrès dans la lutte contre les pertes en eau, par exemple grâce à des programmes, des équipes et un suivi des données spécifiques. Cependant, de nombreux efforts ne sont pas entièrement couronnés de succès.


La mauvaise gouvernance, la corruption et les malversations exacerbent les pertes physiques et commerciales qui constituent les pertes d'eau. Pourtant, les efforts d'amélioration ciblent rarement ces facteurs. Pour que les programmes de réduction des pertes d'eau soient plus efficaces et durables, il est essentiel que nous comprenions les problèmes de fond et les liens avec une mauvaise intégrité.


 

Qu'en pensez-vous ? Comment abordez-vous les risques d'intégrité dans votre programme de gestion des pertes ?

Partagez votre point de vue, contribuez à notre document de travail.

 

La corruption contribue directement aux pertes d'eau


Il y a des indications suggérant que les prestataires de services opérant dans des pays où les niveaux de corruption sont plus élevés ont tendance à subir des pertes d'eau plus importantes. La corruption affecte divers aspects de la gestion de l'eau, de la qualité des infrastructures aux pratiques de facturation et à l'efficacité opérationnelle.

Les projets d'approvisionnement, de construction et d'entretien entachés par la corruption aboutissent souvent à des infrastructures de qualité inférieure, sujettes aux fuites et aux ruptures, ce qui contribue à l'augmentation des pertes d'eau. Les raccordements illégaux et la falsification des compteurs (en particulier par les gros consommateurs d'eau ou lorsqu'ils sont facilités par le personnel) aggravent encore les pertes commerciales pour les compagnies d'eau.


Le népotisme et le copinage au sein des prestatatires de services d'eau peuvent conduire à la nomination de personnel ou d'entrepreneurs non qualifiés, ce qui compromet l'efficacité des initiatives de réduction des pertes en eau.


En outre, la corruption détourne des fonds destinés à des projets essentiels, entravant les efforts de modernisation des infrastructures et de mise en œuvre de technologies de détection des fuites. Enfin, les pratiques de corruption érodent la confiance entre les fournisseurs de services d'eau et les clients, ce qui contribue à réduire la volonté de payer pour les services.


 

La nécessité de mettre en place des stratégies globales d'amélioration du rendement de réseau


Il est essentiel de s'attaquer à la corruption dans le secteur de l'eau pour réussir à réduire les pertes d'eau. Une approche globale impliquant des solutions juridiques, technologiques et de gouvernance est nécessaire pour atténuer le risque de corruption et améliorer les pratiques de gestion de l'eau. L'amélioration de la gestion financière, le renforcement des processus d'achats et de passation de marchés, l'application des lois anti-corruption et la promotion de la transparence et de la responsabilité sont des étapes cruciales pour les prestataires de services.


L'adoption de technologies de pointe, telles que les compteurs intelligents et les systèmes automatisés de détection des fuites, peut améliorer l'efficacité des systèmes de distribution d'eau et minimiser les possibilités de corruption. La professionnalisation des services d'eau par le biais de programmes de recrutement et de formation fondés sur le mérite peut contribuer à atténuer l'influence du népotisme et du copinage, en favorisant une culture de la compétence et de l'intégrité au sein du secteur.


De plus, en encourageant la participation et la sensibilisation du public, on peut donner aux usagers les moyens de demander des comptes aux autorités et de faire obstacle aux pratiques de corruption. Des données fiables sont également essentielles pour une prise de décision éclairée, ce qui souligne l'importance de relevés de compteurs, d'une facturation et de systèmes de gestion des données précis.


 

Questions émergentes pour les programmes de gestion du rendement de l'eau


Cet impact considérable de la corruption a des conséquences directes sur la manière de gérer au mieux les programmes de réduction des pertes. Disposer d'une équipe dédiée aux pertes d'eau peut être une bonne approche. Est-ce la meilleure ? Quels sont les éléments clés à prendre en compte pour que ces équipes soient les plus efficaces possible ? Quelles compétences le personnel doit-il posséder ? Quelques pistes à explorer...


  • Les professionnels de gestion du rendement de réseau sont-ils suffisamment indépendants ? Ont-ils le pouvoir de s'attaquer aux problèmes de gestion dans différents départements ? Peuvent-ils accéder aux données dont ils ont besoin dans l'ensemble de l'organisation ?

  • Bénéficient-ils d'un soutien suffisant de la part de la direction pour poser des questions difficiles, notamment sur les problèmes de corruption et d'intégrité ou sur la culture et les normes de l'entreprise ?

  • Ont-ils les connaissances et les compétences nécessaires pour faire face aux risques de corruption et d'intégrité ?

  • Sont-ils en mesure de collaborer efficacement avec leurs collègues chargés de l'audit ou de la conformité, et de s'engager auprès des mécanismes de contrôle externes et de la société civile pour renforcer le suivi des fuites et des problèmes ?

  • Les sous-traitants, même dans le cadre de contrats basés sur la performance, peuvent-ils suffisamment prendre en compte les mécanismes de gouvernance interne qui affectent les pertes d'eau ?

  • Le personnel de l'ensemble de l'organisation est-il conscient des normes de conduite qu'il est censé respecter ? Savent-ils quoi faire lorsqu'ils sont confrontés à une situation délicate ? Seront-ils en sécurité s'ils en parlent ?


L'accent mis sur les questions de corruption et d'intégrité soulève des plus des questions sur la définition du rendement de l'eau.

  • Est-il temps d'élargir notre catégorisation des composants des pertes d'eau afin de reconnaître explicitement les actes de malversation ? De nombreux tableaux définissant les pertes d'eau ne mentionnent que le vol d'eau comme composante. Pourquoi ? Qu'en est-il de la corruption pour obtenir un relevé de compteur favorable ? Que se passe-t-il lorsqu'il n'y a pas seulement des erreurs dans les relevés et les factures, mais aussi une manipulation active des données ?

  • Qu'est-ce qui se cache derrière la consommation autorisée non facturée et quelle est la part qui résulte d'une ingérence indue ?


Des systèmes de gestion des actifs et de facturation solides et précis sont essentiels pour mettre en place des stratégies efficaces de réduction des pertes d'eau, en mettant également l'accent sur l'intégrité. L'analyse des données peut être très révélatrice. Que devrions-nous mesurer et examiner de plus près pour identifier les signes avant-coureurs de corruption ou de manque d'intégrité ?

  • Quelles données les équipes utilisent-elles déjà pour étayer leurs décisions en matière de pertes d'eau ?

  • Quels sont les indicateurs (comme des montants de facturation identiques répétés) que nous devrions absolument suivre ?



De l'eau jaillit d'une rue de Harare, au Zimbabwe.
Photo de Wallace Mawire d'une fuite d'eau dans une rue de Harare, concours de photos WIN 2016. Avec nos remerciements.

 

L'amélioration du rendement de réseau doit être un processus continu et une priorité stratégique


En s'attaquant aux causes profondes de la corruption, en mettant en œuvre des cadres juridiques solides, en adoptant la technologie et en promouvant la transparence, nous pouvons soutenir la réduction des pertes d'eau et améliorer le rendement de réseau pour ainsi contribuer à l'utilisation équitable et efficace des ressources en eau pour les générations actuelles et futures.


La lutte contre la corruption dans le secteur de l'eau n'est pas seulement un impératif moral, mais aussi une nécessité stratégique pour garantir l'accès à l'eau potable pour tous.



Nous recueillons des contributions sur les stratégies visant à lutter plus efficacement et durablement contre les pertes en eau dans le secteur de l'eau en adoptant une approche qui tienne compte de facteurs importants tels que le manque d'intégrité. Nous sommes impatients de connaître votre point de vue. Commentez ci-dessous ou sur Linkedin, ou contactez-nous à l'adresse info@win-s.org.

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